La passion des parisiens pour le karaoké: mythe ou réalité ?

20 août 2019
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bar à karaoké paris
Ci-dessus l'une des photos libres de droits la plus utilisée du net.

Les “on se fait un bar à karaoké ?” est une phrase qui, soyons honnête, ressort a minima une fois par mois de la bouche de nos proches. Collègues en quête d’un team building bien humiliant, potes qui ont clairement quelque chose à se prouver, cousine hyperactive et fanatique des chansons Disney, de nombreux profils sont susceptibles de nous glisser l’idée. Mais pourquoi le bar à karaoké fait-il autant parler de lui et est-il finalement si fréquenté que cela, une fois sa bonne réputation toute reconsidérée ? Est-ce vraiment une bonne option quand on veut s’improviser une soirée à Paris

C’est bien connu, le terme karaoké vient du japonais karappo, “vide” et okesutora, “orchestre”. Mais plus qu’un mot du langage courant signifiant littéralement “orchestre vide” (futé le furet), le karaoké est une marque déposée. Comme notre bon vieux frigo (on dit réfrigérateur, bon sang de bon soir !), le KaraOK est le nom déposé du premier magnétophone sans paroles produit par la société Nikkodo, fondée tout spécialement en 1962. Une idée de génie qui vaudra à son inventeur Daisuke Inoue un (faux) prix Nobel de la paix en 2004. Rien que ça.

Et ce n’est pas à Paris qu’on s’écriera du fait qu’une telle machine obtienne une aussi grande distinction: chanter est, osons le dire, presque l’apanage de l’esprit titi parigot. Dès la fin du XVIIIe siècle, les cafés-concerts (les caf-conf, mon p’tit gars) pullulaient comme les cas de scorbut. Le principe de ces lieux ? Boire (beaucoup) et écouter les groupes de musique présents, sans oublier de pousser la chansonnette avec eux. En bref, le parisien a le karaoké dans le sang.

Mais une vérité demeure, et cela malgré toutes les louanges que les-uns-les-autres lancent en faveur des bars à karaoké: nous n’y allons quasiment pas, si ce n’est jamais. Que les détracteurs gardent leur calme, il ne s’agit pas ici du bon vieux karaoké de fin de soirée dans le 25m² de Lucie, mais bel et bien de sortir dans un bar à karaoké dédié. De spontanément se diriger en une cohorte organisée vers un lieu “public” où boissons et chansons enfantent la dérision (ou l’humiliation, c’est selon). 

En moyenne, une seule proposition de bar à karaoké sur dix se concrétise. Alors, où sont-elles passées, toutes ces belles promesses de soirées mélomanes ? Ces team building avortés ? Et ces anniversaires sans micro à humidifier ? Une constatation qui laisse bien songeur, surtout face à l’engouement pour les shows musicaux (de The Voice aux Comédies musicales) ainsi que pour les lieux dédiés au karaoké. Si personne chez Toot Sweet n’a fait polytechnique, une vérité ne nous a pourtant pas échappé.  Les soirées et les bars à karaoké se multiplient dans Paris alors que neuf promesses de sévère égosillade sur dix partent avec l’engouement éphémère qu’elles créent. Peut-être serait-il temps de franchir la porte de ces temples du 4e art pour sinon comprendre la réalité de leur survie, au moins changer un peu de la soirée cacahuètes-pintes-à-9-balles. Non ?

Le N’importe Quoi porte bien son nom, alors pourquoi épiloguer ? Tous les lundis, c’est karaoké dans dix langues différentes jusqu’à 1h du matin, pintes à 5€50, shots offerts aux casseroles, parties de Blind Test en sus pour se reposer la voix… Parfait pour bien débuter la semaine, c’est ton patron qui va aimer.

On passe dans une autre gamme de prix (le retour de la pinte à 9€, la vilaine) mais ce désavantage est vite comblée par l’ambiance du lieu. Le Café du Châtelet est bar à karaoké situé en plein centre de Paris qui organise les dites soirées tous les vendredis et samedis, dès 21h. Avec une petite pizza ou une petite assiette de tapas, il n’aura jamais été aussi facile de se taper un solo de Balavoine devant une salle comble.

Du bar à karaoké de Paris nous passons au clubbing karaokesque, au festival de fausses notes enrobées d’amour, à la farandole des cordes vocales explosées. Les soirs de Grand Karaoké de l’Amour (quatre éditions à la Machine du Moulin Rouge, une à l’Aérosol et une autre au Badaboum), c’est des centaines de parisiens qui dansent et chantent Goldman, draguent et fredonnent sur les Beatles, détruisent gaiement la disco’ de Shakira. C’est beauf et c’est diablement bon. Prochaine session le 28 septembre au Petit Bain !

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