“Les Batignolles”, aaaah… En voilà un mot qui m’a toujours faite vibrer. Cette juxtaposition de consonnes à faire vriller la langue d’un amerloc’, cette dernière syllabe en -olle si frenchy I could die: tout un monde en quelques lettres ! Mais les Batignolles dans l’imaginaire parisien, c’est aussi la métonymie du 17ème arrondissement. Vous savez, ce 15ème arrondissement bis qu’on aime bien juste parce qu’il est rive droite (et donc hype). Enfin, Les Batignolles sont, pour mes parents, un film pas trop mal avec Gérard Jugnot dedans alors que… rien à voir. Et sinon, on y fait quoi de bien dans ce fameux quartier des Batignolles ? Que l’on se recentre un peu histoire que tu n’aies pas cliqué sur ce lien pour rien.
Le quartier des Batignolles: développement historico-typologique majeur
Non, on déconne. Pas de cours magistral sur le quartier des Batignolles aujourd’hui, mais une ou deux remises en contexte spatio-temporelles histoire de savoir de quoi nous parlons. Le quartier des Batignolles, coincé entre le parc Monceau (“excusez-nous”), la place Clichy (“déso, gros”) et Levallois-Perret (mais si, vous savez, ce royaume gouverné par “l’homme le plus honnête du monde“) , est un peu l’entre-deux populaire, le dortoir bobo du 17ème arrondissement parisien. Ou tout du moins l’était encore il y a quelques années, avant que n’arrive la défriche (au sens propre comme figuré) de ces quelques hectares urbains.
Le quartier des Batignolles, c’est à la base le garde manger royal: seigneurs s’y retrouvent en jupes courtes afin de titiller de cerfs et la galinette cendrée. De la forêt et de la plaine, donc. Il faut attendre la fin du XVIIIe siècle pour qu’y soit construit un village à part entière: alors que Marie-Antoinette se faisait dézinguer la caboche à quelques stations de métro, les fumées des premières chaumières batignollaises s’époumonent.
Le quartier des Batignolles a toujours été, en somme, un village populaire. Depuis une dizaine année (attention, grande surprise), il subit une gentrification sans pareille: augmentation du mètre carré de 5% rien que ces 12 derniers mois, par exemple.
Clichy-Batignolles: une labellisation EcoQuartier confirmée !
L’idée est bonne, vraiment. Repenser Paris via le prisme écologique n’est en aucun cas avant-gardiste mais aussi évident que nécessaire. Ce 5 février 2020, c’est l’EcoQuartier de Clichy-Batignolles qui rentre dans le cercle très restreint des labellisés. En Île-de-France, seuls deux ont réussi à passer l’étape 4, soient Issy-les-Moulineaux et Les Mureaux (la bise à la mif du 7-8, je vous aime). Cette étape 4 est la ceinture noire du label officiel d’urbanisme écologique, en gros. Il faut que le quartier soit livré et expérimenté par les nouveaux riverains pour pouvoir la passer.
Ce quartier de Clichy-Levallois, concentré autour du parc Martin Luther King (rien que ça), est la promesse d’un pôle urbain durable à la fois dans sa consommation d‘énergie ou, encore sa surface allouée aux espaces verts. On est bien loin du quartier des Batignolles avec le poissonnier criant à la volée que oui, son poisson est frais, mais consolez-vous: les graines de chia, c’est vraiment pas si mauvais que ça.
On y fait quoi dans ce néo-quartier des Batignolles, du coup ?
A part un p’tit tour en bicyclette dans le parc Martin Luther King, y’en a des adresses sympato-bobos à s’faire ! Pour picoler, par exemple (mais pas que, voyons).
Pour prendre un verre de vin, ça s’passe chez Marius & Lucien
Ce restaurant-cave à vins est bourré de charmes. Vraiment ! Avec sa décoration typique parigotte, manger chez Marius & Lucien nous fait penser à une scène à mi-chemin entre un Woody Allen et un Eric Rohmer. De la poésie, donc, mais aussi gustative: une carte bistronomique variant plats veggies, piscivores (+30 points au scrabble, bim) ou à base de viande. On se damne pour leur poulet croustillant et acras de haddock fumé, accompagnés d’un petit Cabernet pour faire passer le tout. Le comble de la boboitude pas désagréable, en somme.
Paul’s Scarlett, un brin de chic sur la planète bobo
Là, on passe carrément sur une ambiance plus olympienne. Si la façade du restaurant ne paie franchement pas de mine, ne vous laissez pas rouler: Le Paul’s Scarlett propose, à notre connaissance, la cuisine au meilleur rapport qualité-prix du 17ème arrondissement. A un arrêt de métro seulement du quartier des Batignolles, l’enseigne sert une cuisine bistronomique raffinée d’inspiration française. Nappes blanches, dressages chics, accueil digne d’un palace: parfait pour un date ou un repas d’affaires.
Le BAL, épicentre culturel du quartier des Batignolles
Difficile de faire du BAL un musée tant ses ambitions, résolument tournées vers les arts contemporains, font plus états d’une volonté de mouvance que d’immobilisme poussiéreux. Vidéos, sons et photographies tapissent l’espace du BAL et lui donnent ce côté quelque peu futuriste que l’on ne retrouve guère encore dans d’autres structures tournées vers la promotion des cultures contemporaines. De questionnements sociologiques et esthétiques jusqu’à la table du café Otto qu’il abrite, le BAL est sans conteste le pôle culturel majeure du quartier des Batignolles et l’un des plus investis pour (et par !) la jeunesse parisienne. Le côté néo-futuriste, on kiffe.
Par Pauline Jagoury
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